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L'invitation au voyage

by Jacques Perkaisne et Aymeric le Martelot

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1.
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
2.
Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d’aise Ses petits pieds si fins, si fins. Je regardai, couleur de cire Un petit rayon buissonnier Papillonner dans son sourire Et sur son sein, – mouche ou rosier. Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s’égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal. Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent : « Veux-tu en finir ! » La première audace permise, Le rire feignait de punir ! Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux : Elle jeta sa tête mièvre En arrière : « Oh ! c’est encor mieux ! Monsieur, j’ai deux mots à te dire… » Je lui jetai le reste au sein Dans un baiser, qui la fit rire D’un bon rire qui voulait bien… Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près.
3.
Entre tous mes tourments entre la mort et moi Entre mon désespoir et la raison de vivre Il y a l'injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir Pour tous les innocents qui haïssent le mal La lumière toujours est tout près de s'éteindre La vie toujours s'apprête à devenir fumier Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe Et la chaleur aura raison des égoïstes Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas J'entends le feu parler en riant de tiédeur J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert Toi qui fus de ma chair la conscience sensible Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre Tu rêvais d'être libre et je te continue.
4.
Si vous croyez que je vais dire Qui j'ose aimer, Je ne saurais, pour un empire, Vous la nommer. Nous allons chanter à la ronde, Si vous voulez, Que je l'adore et qu'elle est blonde Comme les blés. Je fais ce que sa fantaisie Veut m'ordonner, Et je puis, s'il lui faut ma vie, La lui donner. Du mal qu'une amour ignorée Nous fait souffrir, J'en porte l'âme déchirée Jusqu'à mourir. Mais j'aime trop pour que je die Qui j'ose aimer, Et je veux mourir pour ma mie Sans la nommer.
5.
Beams 03:17
Elle voulut aller sur les bords de la mer, Et comme un vent bénin soufflait une embellie, Nous nous prêtâmes tous à sa belle folie, Et nous voilà marchant par le chemin amer. Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse, Et dans ses cheveux blonds c'étaient des rayons d'or, Si bien que nous suivions son pas plus calme encor Que le déroulement des vagues, ô délice ! Des oiseaux blancs volaient alentour mollement Et des voiles au loin s'inclinaient toutes blanches. Parfois de grands varechs filaient en longues branches, Nos pieds glissaient d'un pur et large mouvement. Elle se retourna, doucement inquiète De ne nous croire pas pleinement rassurés, Mais nous voyant joyeux d'être ses préférés, Elle reprit sa route et portait haut la tête.
6.
Fantaisie 02:30
Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, Un air très vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l’entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit : C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre Un coteau vert, que le couchant jaunit, Puis un château de brique à coins de pierre, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ; Puis une dame, à sa haute fenêtre, Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, Que, dans une autre existence peut-être, J’ai déjà vue… – et dont je me souviens !
7.
Conclusion 01:56
J'ai rêvé les amours divins, L'ivresse des bras et des vins, L'or, l'argent, les royaumes vains, Moi, dix-huit ans, Elle, seize ans. Parmi les sentiers amusants Nous irons sur nos alezans. Il est loin le temps des aveux Naïfs, des téméraires voeux! Je n'ai d'argent qu'en mes cheveux. Les âmes dont j'aurais besoin Et les étoiles sont trop loin. Je vais mourir saoul, dans un coin.
8.
J'ai laissé la potence Après tous les pendus, Andouilles de naissance, aigres fruits défendus ; Les plumes aux canards Et la queue aux renards... Au Diable aussi sa queue Et ses cornes aussi, Au ciel sa chose bleue Et la Planète - ici - Et puis tout : n'importe où Dans le désert au clou. J'ai laissé dans l'Espagne Le reste et mon château ; Ailleurs, à la campagne, a tête et son chapeau ; J'ai laissé mes souliers, Sirènes, à vos pieds ! J'ai laissé par les mondes, Parmi tous les frisons Des chauves, brunes, blondes Et rousses... mes toisons. on épée aux vaincus, a maîtresse aux cocus... Aux portes les portières, La portière au portier, Le bouton aux rosières, Les roses au rosier, A l'huys les huissiers, Créance aux créanciers... Dans mes veines ma veine, on rayon au soleil, a dégaine en sa gaine, on lézard au sommeil ; J'ai laissé mes amours Dans les tours, dans les fours... Et ma cotte de maille Aux artichauts de fer Qui sont à la muraille Des jardins de l'Enfer ; Après chaque oripeau J'ai laissé de ma peau. J'ai laissé toute chose e retirer du nez Des vers, en vers, en prose... Aux bornes, les bornés ; A tous les jeux partout, Des rois et de l'atout. J'ai laissé la police Captive en liberté, J'ai laissé La Palisse Dire la vérité ... Laissé courre le sort Et ce qui court encor. J'ai laissé l'Espérance, Vieillissant doucement, Retomber en enfance, Vierge folle sans dent. J'ai laissé tous les Dieux, J'ai laissé pire et mieux. J'ai laissé bien tranquilles Ceux qui ne l'étaient pas ; Aux pattes imbéciles J'ai laissé tous les plats ; Aux poètes la foi... Puis me suis laissé moi. Sous le temps, sans égides 'a mal mené fort bien La vie à grandes guides... Au bout des guides - rien - ... Laissé, blasé, passé, Rien ne m'a rien laissé...
9.
J'ai toujours habité de grandes maisons tristes Appuyées à la nuit comme un haut vaisselier Des gens s'y reposaient au hasard des voyages Et moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalier Hésitant à chercher dans leurs maigres bagages Peut-être le secret de mon identité Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froide Le doute d'être un homme. Je m'aimais Dans la splendeur imaginée d'un végétal D'essence blonde avec des boucles de soleil Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même Ebruitée doucement par un vol de vanneaux Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême Et c'était toujours les mêmes murs à la chaux La chambre désolée dans sa coquille vide Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux Mais je m'aimais ah! je m'aimais comme on élève Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté Et loin de moi je savais bien me retrouver Ensoleillé dans les cordages d'un poème
10.
Mai 02:22
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
11.
Causerie 02:29
Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose ! Mais la tristesse en moi monte comme la mer, Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose Le souvenir cuisant de son limon amer. - Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ; Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé Par la griffe et la dent féroce de la femme. Ne cherchez plus mon cœur ; les bêtes l'ont mangé. Mon cœur est un palais flétri par la cohue ; On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux ! - Un parfum nage autour de votre gorge nue !... O Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux ! Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes, Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes !
12.
Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu’on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l’arbre qu’on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. Qu’as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?
13.
Je rêve de vers doux et d'intimes ramages, De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages, De vers blonds où le sens fluide se délie Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie, De vers silencieux, et sans rythme et sans trame Où la rime sans bruit glisse comme une rame, De vers d'une ancienne étoffe, exténuée, Impalpable comme le son et la nuée, De vers de soir d'automne ensorcelant les heures Au rite féminin des syllabes mineures. De vers de soirs d'amour énervés de verveine, Où l'âme sente, exquise, une caresse à peine... Je rêve de vers doux mourant comme des roses.
14.
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. II me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
15.
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche ! La tombe attend - elle est avide ! Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !

credits

released October 3, 2012

Aymeric le Martelot // piano, claviers, basse, guitares, percussions, glockenspiel, mélodions, choeurs

David Er Porh // programmation batterie, guitare électrique sur "Dit de la Force de l'Amour"

Jonathan Dour // violons, violoncelle sur "L'invitation au voyage", "Chant d'automne" 1 et 2

Jean-Luc Dechaune // trombone sur "Beams", "Causerie"

Arrangements et direction artistique // Aymeric le Martelot

Enregistré et mixé par // David Er Porh (studio: "TY AR VRO POURLETH")

Mastering // "passage à niveaux"

Conception graphique // Aurélie Boisramé le Port

Photos // Christine le Martelot

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about

Aymeric Le Martelot Brittany, France

Formé à la musique classique et puis autodidacte en jazz, Aymeric Le Martelot effectue ses premiers pas sur scènes dans diverses formations de blues rock puis de chanson. Il découvre ensuite la musique bretonne et intègre le groupe Arvest.
Depuis, il intègre ses influences dans ses collaborations avec plusieurs formations lors de concerts ou d’enregistrements, notamment avec Ronan Le Bars Group.
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